jeudi 24 mai 2012

Michel-Ange Poète



L’œuvre poétique
 de Michel-Ange
est presque toute
entière consacrée
à l’amour,
à l’amour
des êtres humains,
à l’amour de Dieu,
le tout supervisé par
 l’amour de la beauté.











Sonnet, autoportrait de Michel-Ange
peignant la voûte de la Sixtine



Rappelle à moi le temps où mon aveugle ardeur
détendait la bride et desserrait le frein,
rends-moi le visage angélique et serein
avec lequel toute vertu fut ensevelie,


et les pas pressés, prêts aux grandes fatigues,

qui se font si lourds à qui prend trop d'années ;
fais revenir l'eau et le feu que j'avais dans la gorge,
si tu veux de moi te repaître une fois encore.


Et s'il est vrai, Amour, que tu ne saches vivre
que des pleurs doux-amers des mortels,
d'un vieillard épuisé n'attends rien désormais.


Car mon âme à l'autre rive presque arrivée
se défend de tes traits par des traits plus touchants :
d'un bois déjà brûlé, que peut tirer le feu ?



Au feu seul le forgeron doit d'étirer le fer   
selon la forme voulue par sa chère œuvre belle,
comme sans feu nul orfèvre ne portera l'or
au degré le plus haut de son affinement.

De même l'unique, le phénix ne ressuscite
s'il n'a brûlé, et moi si je meurs de brûler,
j'espère plus illustrement revivre parmi ceux-là
que la mort grandit et que n'offense plus le temps.

Le feu dont je parle, c'est grande merveille
qu'il ait encore logis en moi pour me faire renaître,
car déjà je me sens comme au nombre des morts.

Et si par nature il remonte au ciel,
son élément, et que je devienne feu moi-même,
ne faut-il pas qu'il m'emporte avec soi ?


La Bataille de Cascina (d'après Michel-Ange)

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